Avec Mon chien stupide, John Fante prouve une fois de plus qu’on a pas besoin d’une intrigue solide pour capter l’attention du lecteur. Et s’il y a bien une intrigue dans ce court roman, elle relève de l’anecdote ; quelqu’un trouve un chien dans sa cour et le nomme Stupide.
John Fante écrit sans pudeur aucune. Il partage tout ce qui lui passe par la tête, sans considération pour la bienséance ou la rectitude. C’est la principale qualité de son écriture. Un type trouve un chien et ça déplait à son entourage. Cette situation est un prétexte pour faire un constat sur sa vie et sur ses relations avec sa femme et ses enfants. Et ce qui émerge de ses confidences, c’est la voix de l’auteur. Comme Fante a surtout eu recours à l’autofiction — qui consiste à piger dans les éléments de sa propre vie — , on a littéralement la sensation d’être dans son cerveau. Fante a d’ailleurs transposé plusieurs éléments de sa vie ; un scénariste à Hollywood qui vit dans le sud de la Californie.
L’histoire est banale mais l’écriture est si maitrisée que ça en devient troublant. Mon chien stupide n’est pas son meilleur livre mais en terme de voix narrative, c’est un des plus réussis. La façon avec laquelle il partage librement ce qu’il pense et surtout sa capacité à nous révéler des choses qu’il ne faut pas dire sont presque insoutenables. Et c’est là le véritable génie de Fante. Cette franchise extrême donne un «effet miroir» qui nous dévoile comment nous sommes, avec nos contradictions, nos faiblesses et nos autres défauts. Bref, il nous démontre de façon magistrale ce qu’est un humain… en se servant d’un chien !
© Alain Cliche, 2015
Descriptif qui donne à réfléchir. Un dérangement nécessaire sans doute. Une incitation qui donne envie de se plonger dans la banalité bousculée quitte à plonger en introspection ? Aller. On va voir 🙂