Mes tribulations dans l’univers des huiles de cannabis

Depuis environ un mois, je consomme de l’huile de cannabis pour apaiser et/ou prévenir mes fréquents maux de tête… j’ai eu cette idée en me rappelant que j’en avais consommé y a deux ans et que j’avais moins de migraine à l’époque. Je commandais de Colombie-Britannique un produit onéreux et j’ai cessé d’en prendre en pensant que ça n’avait aucune incidence sur ma santé. Et si je m’etais trompé ?

J’ai d’abord lu des études médicales sur le traitement de la migraine avec le cannabis et même si ça ne semblait pas toujours concluant, je me suis dit que je perdais rien à essayer. Une des raisons qui m’avaient poussé à cesser de prendre de l’huile de cannabis, c’est que j’avais lu qu’il fallait en absorber une bonne quantité pour que ça fasse effet et je n’en avais pas les moyens. Mais depuis quelques années, plusieurs producteurs se sont mis de la partie et les prix ont considérablement baissé.

Après avoir fait le tour des options sur le site de la SQDC, j’ai choisi une huile contenant 3000 mg de CBD. Avec une telle quantité, j’allais pouvoir en consommer beaucoup sans que ça me coûte trop cher. Je suis allé à la succursale la plus proche — la seule au centre-ville de Québec — située dans le vieux-port, à 40 minutes de marche de chez moi. Tout s’est bien passé, le personnel était courtois et je ne me suis pas éternisé vu que j’avais encore 40 minutes de marche pour rentrer. Pourquoi ai-je dû marcher 80 minutes alors que j’habite au centre-ville ? La réponse se trouve dans ce graphique qui dénombre les magasins de cannabis par province en juin 2021.

Compte tenu de sa population, le Québec est la province la moins bien desservie au Canada (source : Statistica)

J’ai commencé à prendre de l’huile de CBD à raison de 10 mg/jour et j’ai augmenté graduellement de 10 mg/jour jusqu’à 100 mg… Suite à mes lectures, je savais que le CBD seul ne suffirait pas lors des maux de tête aussi j’ai commandé sur le site de la SQDC une huile avec 50% de THC et 50% de CBD… Pourquoi pas juste une huile de THC ? Parce que le CBD adoucit l’effet du THC et que je déteste me sentir défoncé. L’huile fut livrée quelques jours plus tard par le facteur. Il me restait à déterminer le dosage, ce qui allait s’avérer compliqué sans soutien médical. Je suis allé en ligne pour tenter d’en apprendre plus.

exemple de produit comestible à la SQDC

Je suis tombé sur un site qui expliquait comment se procurer du cannabis médical. Ça semblait intéressant et je me suis inscrit. J’ai rempli un formulaire (en anglais) et j’ai eu une entrevue (en anglais) avec une infirmière qui m’a proposé des dosages pour mes deux produits et qui m’a aussi fourni une prescription me permettant de commander directement d’un LP (licensed producer). On m’a ensuite référé à différents producteurs canadiens dont les prix m’ont semblé un peu chers, surtout comparés à ceux de la SQDC. J’ai fini par trouver une boutique en ligne québécoise qui avait une belle sélection et dont les prix étaient plus concurrentiels alors j’ai demandé que mon dossier y soit transféré.

exemple de produit comestible chez Mendo Cannabis

Il y a de bonnes raisons d’opter pour un fournisseur médical : les items sont mieux décrits que sur le site de la SQDC, les produits comestibles sont plus attrayants et surtout, on peut en avoir jusqu’à 150 grammes, soit 5 fois la quantité permise pour une utilisation récréative. Il y a aussi une raison fiscale : le cannabis médical est déductible d’impôt. Bref, j’étais content jusqu’au moment de passer une commande. C’est là que les taxes sont apparues (à la SQDC, elles sont incluses). Avec les taxes, ça allait me coûter plus cher qu’à la SQDC pour des produits comparables, sans compter les frais de transport (20$). Dommage, j’avais bien envie de faire affaire avec eux.

Cette huile est un mélange d’isolat de CBD et d’huile TCM.

À force de lire sur le CBD, j’ai compris quelques trucs, le plus important étant qu’il est préférable de prendre un produit full spectrum, c’est-à-dire à spectre complet, pour bénéficier de « l’effet d’entourage ». En effet, le CBD n’est qu’un des cannabinoïdes présents dans le cannabis ; y a aussi le CBN, le CBG, le CBC et plusieurs autres, sans parler des terpènes et des flavonoïdes… et les études démontrent que les produits complets sont plus efficaces que les produits « isolés ».

Qu’en était-il de l’huile Max CBD 3000 que j’avais achetée à la SQDC ? L’info sur son site étant plutôt anémique, j’ai essayé de trouver ailleurs, mais j’ai eu beau faire TOUS les sites internet et même écrire à la compagnie Canopy (qui détient la marque Tweed), impossible de savoir s’il s’agissait d’une huile à spectre complet. J’ai donc contacté la SQDC pour avoir des précisions et voici ce qu’on m’a répondu :

L’isolat de CBD est une poudre blanche qui ne contient absolument rien d’autre que du CBD. J’en avais enfin le coeur net, c’est du moins ce que je pensais jusqu’à ce qu’une employée du service à la clientèle chez Tweed me réponde ceci :

Je lui ai donc envoyé la réponse de la SQDC (avec une traduction) et quelques jours plus tard, elle m’a répondu en donnant raison à la SQDC et en s’excusant de s’être fourvoyée.

Selon la SQDC, cette huile est composée d’extrait de cannabis au CO2 et d’huile TCM.

Je ne crois pas qu’on ait voulu me tromper. Je crois plutôt que ça reflète le fouillis qui règne dans les huiles de cannabis. Les compagnies utilisent toutes sortes d’appellations (distillat, isolat, concentré, spectre complet, … ) qui ne sont pas réglementées et/ou ne signifient pas la même chose d’un producteur à l’autre. Autrement dit, il est presque impossible de s’y retrouver. Ça m’a rappelé lorsque je bossais pour la compagnie Orphée, à la fin des années 1980… À l’époque, personne s’y connaissait en huile alimentaire et tout le monde affirmait un peu n’importe quoi. Bref, après m’être à nouveau renseigné auprès de la SQDC, j’ai fait venir une huile fabriquée à Québec sous la marque Tyche. Suite à ma commande, on m’a invité à remplir un formulaire en ligne. Voici ma réponse à la question Comment la SQDC peut mieux vous accompagner ? :

pour une huile, faudrait que la méthode d’extraction soit indiquée (CO2, éthanol, etc.), à partir de quoi elle est fabriquée (isolat, distillat ou autre) et avec quoi elle est mélangée (TCM, huile de coco, olive ou autre)

Voici comment est décrit chaque produit sur le site de l’OCS (Ontario Cannabis Store). C’est pas parfait, mais c’est un peu mieux que sur le site de la SQDC.

Finalement, le CBD fait-il une différence dans mon cas ? Mes maux de tête sont moins sévères et moins fréquents mais cela pourrait être attribuable à l’effet placebo. Peut-être aussi que cette « amélioration » sera plus marquée avec ma nouvelle huile de CBD qui, selon mes recherches, semble être full spectrum. La seule chose dont je sois sûr, c’est que lorsque j’ai mal à la tête et que je consomme mon l’huile avec 50% de THC et 50% de CBD, je vois une nette différence. Le problème est de trouver la bonne dose si on veut pas être complètement défoncé, ce qui m’est arrivé suite à un mauvais dosage… je n’avais plus mal à la tête, mais je n’avais plus ma tête !

© Alain Cliche, 2022.

AVERTISSEMENT : je n’ai pas les compétences pour donner des conseils sur la santé. Si vous avez un problème, consultez un médecin ou un spécialiste.

Laisser un commentaire